Loup

Le loup ou l’arbre qui cache la forêt

François Turrian résume ici la position de BirdLife Suisse sur l’actualité de la protection de la nature.

Depuis le rejet par le peuple suisse de la révision de la Loi sur la Chasse et la Protection des mammifères et oiseaux sauvages LChP, en novembre dernier, que s’est-il passé ?

D’abord, sous l’impulsion des associations de protection de la nature dont BirdLife Suisse, la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie CEATE du Conseil national a travaillé à un nouveau projet de révision tenant compte de la volonté exprimée par une majorité du peuple de trouver une solution plus équilibrée tant pour régler les conflits entre les grands prédateurs et l’élevage que pour améliorer les conditions d’existence de nombreuses espèces d’animaux sauvages. L’initiative parlementaire déposée par une majorité de la CEATE-N demandait d’une part une régulation pragmatique des loups, parallèlement à un renforcement de la protection des troupeaux et à d’autres mesures visant à la cohabitation du loup et de l’homme. D’autre part, il s’agissait de renforcer la préservation de la biodiversité
à travers une conservation plus stricte des espèces menacées et des corridors faunistiques.

Hélas, la commission homologue du Conseil des États n’a pas voulu de cette initiative parlementaire. Enterrée donc pour le moment, l’idée de moderniser notre loi-cadre régissant nos rapports avec la faune sauvage. En lieu et place, le Parlement planchera sur une simple révision de l’Ordonnance. L’Ordonnance ne permettra pas de tirer des animaux protégés préventivement, contrairement à la Loi. Mais elle ne permettra pas non plus les nécessaires améliorations attendues pour préserver les conditions de vie des mammifères et oiseaux.

Tout le monde a tendance à se focaliser sur le loup en raison de la forte charge émotionnelle que suscite le prédateur.

On risque donc fort de se retrouver avec de simples mesures pour faciliter le tir de loups ayant causé des dégâts. Comme durant la campagne ayant précédé la votation, tout le monde a tendance à se focaliser sur le loup en raison de la forte charge émotionnelle que suscite le prédateur. Hélas, le loup occulte la dimension plus large de la préservation de notre biodiversité. Il est devenu l’arbre qui cache la forêt ! Bien sûr, il est nécessaire d’améliorer la cohabitation entre le pastoralisme et la présence du loup, désormais ancrée sur notre territoire. Mais les enjeux sont beaucoup plus larges et les parlementaires ne peuvent plus l’ignorer.

La création de corridors faunistiques est urgente pour lever les nombreux obstacles qui entravent les déplacements des animaux. De nouvelles zones de tranquillité doivent voir le jour pour offrir des refuges à la faune, toujours plus dérangée par la civilisation des loisirs. Il est intolérable que des espèces menacées ou en déclin continuent d’être chassées. Enfin, les habitats de la faune sauvage doivent aussi être mieux préservés des atteintes. Mesdames et Messieurs les parlementaires fédéraux et cantonaux, merci de regarder la forêt et pas simplement l’arbre !

 

François Turrian francois.turrian@birdlife.ch

 

 


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