pinson des arbres © Michael Gerber

Le pinson des arbres

Le plus commun des oiseaux de Suisse n'en est pas pour autant banal. Ce passereau granivore est l'unique représentant de la famille des Fringilles à s'alimenter principalement d'insectes lors de la période de reproduction. Territorial et généraliste, il fait office d'insecticide naturel dans les jardins et les parcs où il élit domicile.
 


Dans les jardins suisses

Offrons-lui un peu de verdure

Le pinson des arbres est un oiseau généraliste et peu exigeant. Omnivore, il se nourrit d'insectes à la belle saison, de graines et de fruits le reste de l'année. Il cumule à la fois les rôles de disséminateur de graines et d'auxiliaire pour lutter contre les insectes nuisibles. Nous lui devons donc bien de faire quelques efforts pour aménager nos agglomérations en sa faveur.

Pas difficile, il se contente d'un peu de verdure et de quelques arbres ou arbustes pour nicher. Une bonne mesure pour le favoriser serait de verdir nos villes pour les rendre plus accueillantes. En Suisse, un pays où l'espace est restreint, la densification des surfaces habitées entre souvent en conflit avec la préservation de la nature. Végétaliser les façades et les toits est une façon optimale de remédier à ce problème. Les surfaces ainsi végétalisées offrent de multiples avantages:

  • Création de nouveaux habitats pour les insectes et les oiseaux
  • Mitigation de l'effet «îlot de chaleur» dans les villes
  • Fonction d'épuration de l'air grâce à la filtration des poussières et des microparticules
  • Rétention de l'eau en cas de forte pluie et prévention de l'engorgement des canalisations
  • Participation au sentiment de bien-être général des habitants

Pour en savoir plus sur le sujet, consultez notre page «Façades et toits végétalisés».

Effectifs

On l'ignore souvent, mais le pinson des arbres est l'oiseau le plus commun de Suisse. Avec des effectifs tournant autour du million de couples nicheurs, sa population est deux fois plus élevée que celle du moineau domestique. Contrairement à de nombreuses espèces communes, son abondance n'est pas liée à l'homme. Ceci explique qu'il n'ait été observé que dans environ 50% des parcs et jardins au cours des 4 dernières éditions de l'action «Oiseaux de nos jardins».
 


Portrait

Un air de clown

Les deux sexes ont en commun deux barres alaires blanches bien visibles en vol. Pour ce qui est du reste, leur plumage diffère amplement. Comme souvent, c'est le mâle qui est plus fantaisiste. Très bariolé, il se reconnait à sa calotte et sa nuque bleu-gris, à son croupion vert et à sa poitrine couleur rouille. Les femelles, elles, ont le dessus du corps gris verdâtre et la poitrine blanc grisâtre. Elles peuvent être confondues avec les femelles de moineau domestique, mais ces dernières n'ont pas les bandes alaires blanches caractéristiques.

  

© Michael Gerber. Gauche: Les femelles (à gauche), ont un plumage beaucoup plus terne que celui des mâles (à droite). Un signe distinctif commun aux deux sexes sont les barres alaires blanches (plus larges chez le mâle).

Le pinson solitaire

Le pinson des arbres doit son nom latin «Fringilla coelebs», littéralement «pinson solitaire» au célèbre naturaliste Carl von Linné. Celui-ci observait en effet régulièrement de grands nombres de mâles en hiver, mais jamais de femelle. On sait désormais que les femelles et les mâles se séparent pour la migration et rejoignent des quartiers d'hiver différents. Les femelles sont les premières à partir, elles se regroupent en groupe atteignant parfois des milliers d'individus et s'envolent ensemble vers le Sud, les individus suisses passent l'hiver au Sud de la France ou en Espagne. Les mâles partent quelques semaines plus tard et s'éloignent généralement moins de leur zone de nidification, afin d'être de retour plus tôt au printemps. Il est possible d'observer des pinsons des arbres tout au long de l'année sous nos latitudes. En effet, alors que les individus nichant sous nos latitudes s'en vont passer l'hiver en Méditerranée, les individus nordiques passent, eux, l'hiver chez nous.

De tout tu mangeras

La forme typique de son bec nous indique que le pinson des arbres est un granivore. Cependant, il ne faut pas se fier exclusivement aux apparences. Le passereau est en effet une exception dans sa famille. S'il se nourrit effectivement majoritairement de graines de l'automne au printemps, il est insectivore durant la période de reproduction. Il n'est pas rare non plus de le voir se délecter de la sève s'écoulant des blessures des arbres, de jeunes pousses et bourgeons et de diverses baies. Ce qui en fait au final un omnivore. 

Un vrai généraliste

Le pinson des arbres est une espèce originellement forestière. Il s'accommode cependant d'un grand nombre de milieux, même en pleine ville, pour autant qu'il y trouve quelques bosquets et arbres. Ce passereau est peu exigeant et niche sur une grande variété d'arbres ou de buissons, à l'occasion même dans des plantes grimpantes comme le lierre. La femelle construit son nid à base de mousse, de radicelles et de brindilles sèches qu'elle agglomère avec des toiles d'araignées et recouvre de lichen et de fragments d'écorce pour parfaire le camouflage. 

Les exigences écologiques très faibles du pinson des arbres en matière d'habitat et de nourriture explique bien comment il a pu atteindre des densités aussi élevés dans notre pays, sans pour autant dépendre de l'homme.

   

© Michael Gerber. Les mâles sont d'infatigables chanteurs. Droite: les femelles sont passées maîtresses dans l'art du camouflage et savent intégrer leur nid dans son environnement direct.
 


Chant

Le mâle est infatigable. Il ramage des heures durant, répétant sans cesse la même ritournelle. Celle-ci se compose d'une strophe typique débutant par quelques notes détachées et se terminant par des trilles en decrescendo. Les ornithologues à l'oreille aiguisée vous le diront: les pinsons des arbres ont développé des dialectes locaux. Les individus du Tessin ne chantent ainsi pas comme ceux du Jura, ni ceux du Plateau.

Pour entendre le chant du pinson des arbres, réécoutez la chronique de François Turrian du 15 avril 2018.