La Suisse accuse un grand retard dans la protection des zones humides et des réserves d'oiseaux d'eau

Communiqué de presse du 13.11.2022 de BirdLife Suisse

La conférence de l'ONU appelle à une meilleure protection et à la restauration des zones humides

La conférence des Nations unies sur les zones humides de Genève et Wuhan (Chine) s'est achevée aujourd'hui. La mise en œuvre de la Convention relative aux zones humides d'importance internationale est particulièrement importante en ces temps de changement climatique et de sécheresses de plus en plus sévères. La conférence de la convention dite de Ramsar, du nom du lieu en Iran où elle a été adoptée en 1971, appelle tous les États à protéger et à restaurer les zones humides. La Suisse n'est de loin pas un modèle dans ce domaine.

En Suisse, plus de 90 % des zones humides ont été détruites depuis 1850. Bien que les marais de Suisse bénéficient d’une protection nationale depuis 1987, les pertes quantitatives et qualitatives se poursuivent. Des mesures efficaces pour contrer cette dégradation n’ont pas été prises, alors que les marais sont de très importants réservoirs de CO2 et qu'ils sont donc d'une importance capitale dans la lutte contre le changement climatique. D'autres zones humides ne sont que partiellement protégées en Suisse, en particulier les réserves d'oiseaux d'eau et de migrateurs, nécessaires à des milliers d'oiseaux migrateurs, dont certains sont menacés au niveau international. La Suisse compte onze sites d'importance internationale et une quarantaine de sites d'importance nationale. Les zones d'importance internationale figurent dans l'ordonnance fédérale sur les réserves d’oiseaux d'eau (OROEM), mais il manque 15 zones d'importance nationale dans cet inventaire, soit plus d'un tiers. De plus, seule une partie de ces sites est soumise à la Convention de Ramsar : la Suisse ne compte actuellement que 11 sites Ramsar.

La Convention de Ramsar oblige les États à protéger leurs zones humides et à coordonner cette protection avec les autres États. Cela est particulièrement important pour les eaux et les zones humides transfrontalières. Or, la Suisse n'a pas encore désigné de zones Ramsar sur le lac de Constance alors que l'Allemagne et l'Autriche l'ont fait. Comme les oiseaux d'eau ont besoin d’importantes surfaces exemptes de dérangements, de grandes zones Ramsar transfrontalières seraient donc nécessaires. Il y a deux ans, la France et l'Allemagne ont montré que c'était possible en créant ensemble le « site Ramsar franco-allemand Oberrhein/Rhin supérieur ».

La Suisse, en revanche, n'a plus désigné de sites Ramsar depuis longtemps. Les premiers sites ont été mis sous protection dans les années 1970 à 1990, et les trois derniers sites Ramsar datent de 2005. De plus, l'ordonnance sur les réserves d’oiseaux d’eau n'est pas non plus à la hauteur. Le Conseil fédéral a lui-même constaté en 2017 que sur les 40 zones qui devraient en principe être protégées, il en manque plus d'un tiers. Même dans les zones protégées selon l'ordonnance, il y a des déficits de mise en œuvre, par exemple trop de dérangements.

Depuis 1971, la Convention de Ramsar appelle les États à restaurer les zones humides et les réserves d'oiseaux d'eau. La Suisse n’a pratiquement rien fait et n'a pas non plus repris l'initiative de l'ONU de la « Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ». L'UE a en revanche adopté une loi prévoyant des obligations quantitatives en matière de restauration des écosystèmes. Aujourd’hui déjà, la Suisse est le plus mauvais élève d’Europe en ce qui concerne les zones protégées et risque de se laisser distancer encore plus.
 

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