Un rapport de l'OCDE le confirme: La Suisse doit mieux protéger la biodiversité

La Suisse doit faire nettement plus pour conserver sa biodiversité et pour la remettre en état. Ce n’est pas une organisation de protection de la nature qui le dit, mais l’OCDE, l’organisation de coopération et de développement économiques. Tous les dix ans, elle analyse comment ses 34 états membres traitent l’environnement. Le rapport sur l’environnement 2017, publié aujourd’hui, montre clairement que le Plan d’action Biodiversité, décidé par le Conseil fédéral en septembre, n’est qu’un petit premier pas dans la bonne direction. BirdLife Suisse demande que la Suisse s’engage enfin davantage pour sa biodiversité. Cette dernière est notre base de vie et fournit des services écosystémiques vitaux.

La Suisse a un important retard à rattraper

Le rapport sur l’environnement de l’OCDE qui a été publié aujourd’hui, loue certes la Suisse dans certains domaines. Mais en ce qui concerne la biodiversité, le rapport est sévère : la Suisse a l’un des taux d'espèces et d'habitats menacés les plus élevés de tous les pays de l'OCDE. La Suisse, considérée à tort comme élève modèle de la protection de la nature, présente en outre proportionnellement une des plus petites surfaces protégées. Les sites protégés existants sont trop petits, trop isolés et leur gestion est souvent défaillante. La Suisse n’a même pas de cartographie des habitats déplore l’OCDE. Les services écosystémiques ne jouent pratiquement pas de rôle.

L’OCDE exprime sont incompréhension devant le fait que la Suisse n’ait pas réussi à créer d’autres parcs nationaux durant ces 103 dernières années. L’OCDE est très claire: pour un pays aussi riche que la Suisse, il est incompréhensible que les moyens financiers restent insuffisants pour assurer la protection et la revalorisation des habitats importants. Du point de vue de l’OCDE, pour pays alpin et touristique comme la Suisse, peu de choses soont entreprises dans le domaine du tourisme sur la biodiversité. D’autres pays investiraient davantage pour des régions sans dérangements et des corridors pour la faune fonctionnels.

Le plan d’action ne satisfait pas aux exigences de l’OCDE

Lors de la conférence de presse du jour, le Directeur de l’OFEV, Marc Chardonnens, a accepté la critique du Secrétaire général adjoint de l’OCDE, Masamichi Kono, mais a souligné que la Suisse avait entretemps adopté le Plan d’action Biodiversité. La comparaison des exigences de l’OCDE avec le plan d’action du Conseil fédéral n'est pas flatteuse pour la Confédération: l’OCDE demande des mesures spécifiques en accord avec les grands déficits de la biodiversité. Des objectifs quantitatifs, des indicateurs clairs, la définition des responsabilités et les moyens financiers sont nécessaires. Le plan d’action du Conseil fédéral ne contient pratiquement rien de tout cela.

Recommandatons claires de l'OCDE

FranCois Turrian, Directeur romand de BirdLife Suisse, souligne : « Si la Suisse abrite une grande diversité biologique, mais que celle-ci est plus menacée que dans d’autres pays industrialisés, la Suisse doit en faire bien davantage que jusqu’à présent. » Les experts de l’OCDE montrent effectivement que les surfaces pour la protection de la biodiversité doivent être clairement agrandies en Suisse. Au niveau international, au moins 17% sont exigés. En calculant très largement, notre pays en compte actuellement 12%. L’entretien de ces sites doit également être fortement amélioré. Pour cela, il faut beaucoup plus de moyens financiers.

Le réseau Emeraude selon la Convention de Berne doit être complété et coordonné avec le réseau Natura 2000 de l’Union Européenne. « En ce qui concerne la conservation des espèces, les mesures actuellement insuffisantes doivent rapidement être renforcées. Des plans d’action pour la plupart des espèces menacées doivent être mis en œuvre », souligne François Turrian.

BirdLife Suisse, qui s’engage depuis des années pour la biodiversité et un plan d’action efficace, salue les énoncés clairs de l’OCDE sur le manque de protection de la biodiversité en Suisse. « Même le plan d’action du Conseil fédéral est trop vague et manque d'ambition, il faut comme premier pas le mettre en œuvre immédiatement et avec les moyens financiers nécessaires », demande BirdLife Suisse. Lors d’une deuxième étape, la Suisse doit se doter d’un nouveau plan d’action qui soit en accord avec les enjeux importants et qui tienne compte des remontrances de l’OCDE. Un modèle en ce sens existe déjà avec le « Plan d’action Biodiversité du point de vue de la société civile » qui est soutenu par plus de quarante instituts spécialisés, universités, villes et associations de l’agriculture et de la sylviculture, de la chasse et de la pêche et de la protection de la nature.

  • Rapport de l’OCDE
  • Plan d’action du point de vue de la société civile (en allemand, résumé français): www.birdlife.ch/aktionsplan
      

Renseignements

François Turrian, Directeur romand BirdLife Suisse, tél. 079 318 77 75