Communiqué de presse de BirdLife Suisse du 15 mai 2025
Nouveau rapport « The Killing 3.0. » de BirdLife International et EuroNatur
En 2019, presque tous les pays d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient se sont engagés, dans le cadre du « Rome Strategic Plan » (RSP) de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS), à appliquer une politique de tolérance zéro en matière de braconnage d'oiseaux sauvages et à réduire d'au moins 50 % les tirs illégaux d'ici 2030. Cinq ans avant l'expiration de ce délai, une nouvelle étude à grande échelle évalue si les gouvernements sont sur la bonne voie pour atteindre les objectifs du RSP. Les auteurs émettent en outre des recommandations concrètes. Pour BirdLife, les efforts politiques à déployer pour atteindre les buts sont encore conséquents.
Il y a dix ans, BirdLife International publiait une étude très remarquée qui montrait qu'en région méditerranéenne, environ 25 millions d'oiseaux étaient tués illégalement chaque année. Après l’exploitation intensive des terres, la chasse et le braconnage représentent le deuxième plus important facteur de menace pour les oiseaux. En 2019, de nombreux pays d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient se sont engagés, dans le cadre de la Convention de Berne et du « Rome Strategic Plan » (RSP) de la Convention de Bonn sur la conservation des espèces migratrices (CMS), à appliquer une politique de tolérance zéro en matière de braconnage et à réduire d'au moins 50 % le tir illégal d'oiseaux d'ici 2030.
A mi-parcours du RSP, une enquête coordonnée par BirdLife International et EuroNatur auprès d'ONG et d'experts nationaux montre que 83 % des 46 pays évalués ne font pas assez d'efforts pour atteindre les objectifs du RSP. Concrètement, cela signifie que ces pays ne pourront probablement pas réduire le tir illégal d'oiseaux sauvages de 50 % d'ici 2030, comme ils s'y sont pourtant engagés. Des progrès sont toute de même visibles dans certains pays : dans douze d’entre eux, le braconnage a été réduit – légèrement ou fortement – au cours des cinq dernières années.
L'étude a évalué 46 pays, dont de façon très détaillée 22 pays méditerranéens, où le braconnage d'oiseaux est le plus élevé. Les informations ont été recueillies à l'aide d'un questionnaire en deux parties auquel ont répondu des experts d’associations nationales de conservation, de hautes écoles et d’universités travaillant sur le braconnage. La première partie évaluait les progrès nationaux en fonction de six stratégies thématiques clés pour réduire le braconnage (volonté politique et coopération, surveillance, législation, application, poursuites et condamnations, communication et prévention), tandis que la seconde partie recueillait des réponses narratives sur les principaux défis et les recommandations pour lutter contre le braconnage dans chaque pays. L'analyse a comparé les progrès réalisés entre 2015-2019 et 2020-2024, et a identifié les tendances et les défis pour différents types de braconnage (tir, piégeage et empoisonnement) et ce pour différentes régions géographiques.
La situation en Suisse
Bien que le braconnage soit un problème moins important en Suisse que dans d'autres pays et que le rapport donne donc une bonne note à notre pays, le problème ne doit pas être sous-estimé. Les rapaces comme les faucons pèlerins sont régulièrement victimes d'empoisonnements mortels de la part de certains colombophiles. Ces dernières années, plusieurs cas de capture d'oiseaux chanteurs protégés ont été signalés. Dans le canton de Neuchâtel, par exemple, un trafic important a pu être mis à jour et heureusement démantelé en 2023. Et des espèces menacées sont toujours chassables en Suisse. Enfin, il convient de mentionner que des politiciens et politiciennes et certaines associations s'efforcent régulièrement d'affaiblir la Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages par exemple en tentant de rendre à nouveau chassables des espèces protégées ou en augmentant les quotas de chasse. Dans l’ensemble, la protection insuffisante en Suisse fait que les listes rouges sont proportionnellement plus longues dans notre pays que dans tous nos pays voisins.
Davantage d’efforts sont nécessaires
Conclusion du rapport de BirdLife International et EuroNatur : « Pour changer de cap au cours des cinq années restantes, il faudra un renforcement significatif et durable de la volonté politique, des investissements plus importants et une application plus stricte de la part de nombreux gouvernements nationaux ». Dr. Barend van Gemerden, Coordinateur du Global Flyways Programme de BirdLife International, ajoute : « Le tir illégal d'oiseaux n'est pas seulement un crime, c'est une tragédie qui menace les oiseaux tout au long des voies migratoires. Un niveau élevé de braconnage dans un pays peut réduire à néant les succès de la protection des espèces dans un autre pays. Nous avons besoin d'urgence de mesures plus fortes, coordonnées et transfrontalières tout au long des voies migratoires. Atteindre l'objectif de 2030 est un défi de taille, mais pas impossible ».
Liens:
- Rapport «The Killing 3.0» (PDF)
- Résumé (PDF)
- National Annex (PDF)
- Communiqué de presse de BirdLife International
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Images
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Dans la région méditerranéenne, chaque année environ 25 millions d'oiseaux migrateurs sont victimes du braconnage. Cette huppe fasciée a été prise au piège sur un gluaux. Photo : H. Yorganci La photo ne peut être utilisée que dans le cadre de ce communiqué de presse et avec une indication correcte de la source. |
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De petits passereaux sont également attrapés puis vendus par exemple à des restaurants. Les partenaires BirdLife luttent contre le braconnage souvent perpétré par des bandes organisées. Photo : BirdLife Cyprus La photo ne peut être utilisée que dans le cadre de ce communiqué de presse et avec une indication correcte de la source. |
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BirdLife Chypre (image) et d'autres partenaires BirdLife s'engagent aussi dans la formation environnementale pour obtenir un changement des mentalités. Photo : BirdLife Cyprus La photo ne peut être utilisée que dans le cadre de ce communiqué de presse et avec une indication correcte de la source. |
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Sur les sites de nidification en Suisse, les oiseaux migrateurs rencontrent aussi de grands problèmes, notamment en milieu cultivé : en raison de la politique agricole, ils trouvent de moins en moins d'habitats adéquats (image) et d'insectes. Photo : Michael Gerber La photo ne peut être utilisée que dans le cadre de ce communiqué de presse et avec une indication correcte de la source. |
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Contact
François Turrian, directeur romand de BirdLife Suisse, tél. 079 318 77 75, francois.turrian@birdlife.ch