Troglodyte mignon © Michael Gerber

Oiseau de l'année 2012 : Troglodyte mignon

Le troglodyte mignon est l'un des plus petits oiseaux d'Europe et le seul représentant de sa famille ailleurs qu'en Amérique. Cet oiseau a une faculté extraordinaire de se cacher et de se faufiler dans le sous-bois. Son chant est très puissant au regard de sa petite taille. Son nid en forme de boule, souvent dissimulé dans une souche, lui a valu son nom de troglodyte. Les forêts au sous-bois dense et riches en bois mort constituent son habitat de prédilection.
  

 


Le roi des oiseaux

Le petit oiseau insignifiant a obtenu chez les Grecs vers 600 av. J.-C. le titre de «roi des oiseaux». Une fable d'Esope raconte que les oiseaux décidèrent de faire un concours et de couronner roi celui d'entre eux qui volerait le plus haut dans le ciel. Comme on s'y attendait, l'aigle est monté plus haut que tous les autres oiseaux avant lui. Mais quand les forces commencèrent à lui manquer, le troglodyte, qui s'était caché dans son plumage, prit son envol et s'éleva encore plus haut dans le ciel en criant: «Le roi, c'est moi!».

Boule de plumes à queue dressée et bec fin

Le troglodyte se reconnaît aisément à sa silhouette rondelette que reonforce une queue très courte, tenue souvent à la verticale. Brun roux assez uniforme à distance, son plumage finement barré sur les ailes, la queue et le ventre ne se révèle que de très près. Il n'est pas possible de distinguer le mâle de la femelle, que ce soit par le plumage ou la taille. On remarque aisément son sourcil clair bien marqué. Un bec fin et pointu complète ses caractréristiques principales. Il lui permet de capturer de grandes quantités de petites proies comme des araignées, des opilions, de petits papillons, des mouches et des larves.


Le troglodyte se reconnaît aisément à sa queue tenue dressée. © Stefan Rieben

Petit mais sonore

En comparaison avec sa taille et son poid - 10 grammes -, le troglodyte produit l'un des chants les plus puissants parmi les oiseaux européens. Ses vocalises peuvent ainsi atteindre 90 décibels ce qui se rapproche d'un marteau-piqueur. Par temps calme, elles sont audibles à 500 mètres. Le chant du troglodyte se compose de strophes assez longues qui contiennent des trilles. Il est émis généralement depuis un perchoir assez élevé alors que l'oiseau se tient sinon près du sol.

Habitant des forêts riches en sous-bois et en bois mort

Le troglodyte habite de préférence les forêts avec un sous-bois riche en buissons et en bois mort. Il construit son nid dans les tas de bois, les souches et les réseaux de vieilles racines. En hiver en particulier, il se rapproche des rives des cours d'eau et des lacs qui lui garantissent encore un accès à ses proies. Le troglodyte peut pénétrer jusqu'au coeur des agglomérations, pour autant qu'il puisse y trouver des jardins offrant des coins sauvages ou des zones de friche. Il apprécie les tas de branches et les haies denses composées d'arbustes indigènes comme le sorbier des oiseleurs, le sureau ou l'aubépine.


Le troglodyte affectionne les forêts riches en bois mort au sol et sur pied, dans lesquelles il peut trouver suffisamment de nourriture et de sites de reproduction.

Un petit Casanova

Au printemps, le mâle troglodyte constuit plusieurs nids grossiers dans le sous-bois et tâche à l'aide de son chant d'attirer une femelle. Celle-ci inspecte les nids; si l'un d'eux lui convient, elle accepte l'accouplement. Ensuite, elle va garnir le nid avec de la mousse, des poils et des plumes et pondre 5 à 7 oeufs. Pendant que la femelle est ainsi occupée, le mâle entreprend de séduire une autre femelle. Dans un milieu très favorable, on a déjà observé des accouplements d'un mâle avec cinq femelles différentes! Les jeunes sont nourris jusqu'à l'envol essentiellement par la femelle.

Evitons le «propre en ordre»

Le troglodyte mignon n'est pas un oiseau menacé en Suisse. Les effectifs estimés sont compris entre 250'000 et 350'000 couples. Pour favoriser cet oiseau, des mesures simples peuvent êtres prises. Il s'agit principalement d'éviter le syndrome du «propre en ordre», que cela soit dans nos forêts, dans les campagnes ou dans nos jardins. Conserver des tas de branches, des zones de friche, des haies denses et favoriser les buissons indigènes suffit souvent à préserver ou à attirer ce petit habitant attachant de nos régions. Dans les forêts, l'augmentation de la proportion de bois mort au sol ou sur pied n'est pas seulement importante pour le troglodyte. Des milliers d'espèces ont besoin pour leur survie de telles mesures. C'est dans ce sens que s'engage BirdLife Suisse avec sa campagne «biodiversité en forêt».


Le troglodyte mignon vit aussi dans les haies naturelles dans les agglomérations.
   


Communiqué de presse